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31 janvier 2015 6 31 /01 /janvier /2015 11:45

 

Skogsrået

.

Le vent me parlait de la nymphe des bois

dont les petites dents mordaient dans les grappes sauvages

De temps à autres son manteau d'écorce s'écartait

sur la blancheur de son corps nu d'adolescente

Car elle était sans doute un jeune tremble dans son autre vie

.

Invisible et fraîche elle traversait les ramifications de mes pensées

du pas léger avec lequel la rosée enjambe les fleurs d'aurore

Dans ma tête une fièvre jouait d'une trompe de cuivre

et les mots s'enfuyaient comme chevreuils avant l'hallali

ou ces frissons luisants qui zigzaguent parmi les herbes

et changent la prairie en toison pleine d'odeurs intimes

.

Ces heures-là brillaient du saphir profond de l'été

Les roches de la garrigue n'avaient pas cet air d'ossuaire

que je leur vois aujourd'hui Les orties évitaient mes jambes

Les ronces à profusion m'offraient des grains remplis d'encre sucrée

Les sources filtrées par la mousse de leur filet pur désaltéraient

aussi bien la laie et ses cinq marcassins

turbulents et rayés comme des zèbres miniatures

que le galopin vadrouillant par monts et par vaux que je fus

.

Tout me parlait alors - désormais tout s'est tu.

 

 

 

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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 09:01

Pour voir le Tokaïdô "inédit", passer la série des Haikus... Les estampes se trouvent plus bas.

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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 19:18
              Montagnes d'automne
         Le grand cerf parmi les arbres
              Veut croquer la lune


             
              Rêvant de fleurs claires
         Comme au temps d'Hiroshige
              Glauque Sumida


              
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16 septembre 2007 7 16 /09 /septembre /2007 19:45

                      ANDO HIROSHIGE          (Deux pinceaux)

 



Voici le mini blog d'un passionné d'Hiroshige, qui possède une petite collection depuis sa lointaine jeunesse et ne s'en est jamais dépris. Ce blog, qui n'intéressera guère que des amateurs aussi passionnés et curieux que moi-même, comporte des images "inédites" du Tokaido, l'une des deux routes fameuses  qui reliaient la capitale religieuse Kyoto à la capitale économique Tokyo. L'autre "kaido", le Kisokaido, itinéraire plus long, ne comporte pas du tout d'étapes en bord de mer. Il traverse les montagnes du Kiso, et la seule étendue d'eau qu'on peut y voir est le lac Biwa,  en approchant de Kyoto.

Les petites images dont il s'agit sont celles - reconstituées - qu'Hiroshige avait intégrées dans le Tokaido "two brushes", dessiné en collaboration avec un autre maître, Kunisada. J'avais toujours eu envie de voir ces images sans les figures d'acteurs de Kunisada, un peu dérangeantes pour l'amateur de paysages... J'ai donc travaillé à combler, plus ou moins habilement grâce à l'ordinateur, les lacunes laissées par l'enlèvement de la "partie Kunisada" de chaque planche.


01-NihombashiA1.jpg


 

O1 Nihombashi : le pont  d e  d é p a r t  (en regard, l'estampe d'origine).


Une expérience délicate que je n'ai faite d'abord que pour les images les plus faciles à reconstituer. Grâce à cette expérience, j'ai d'ailleurs découvert un détail anodin mais intéressant : ce sont les figures dessinées par Kunisada qui ont été le point de départ. Hiroshige n'y a ajouté ses mini-paysages qu'ensuite. Cela est attesté par le fait que, dans de nombreux cas, la ligne du cadre du bas de l'estampe, lorsqu'on enlève les figures, ne coïncide pas entre la droite et la gauche, même si le cadre est parfaitement horizontal. Il arrive de surcroît que le rectangle du cadre n'ait pas ses bords horizontaux parallèles, ou que la fenêtre de l'image ne soit pas à angles droits. D'autres détails viennent confirmer cela : ainsi, dans le cas du pont de la planche 27 (Kagegawa), la partie droite et la partie gauche ne concordent pas du point de vue perspective, comme on peut le voir (cercles pointillés jaunes) : 

 

 

27-kagegawa-original.jpg



27 Kakegawa


     PONT01.jpg

                                                 

                Un problème de perspective à résoudre...

Il est donc évident que pont et paysage ont été conçus après coup, en fonction de la place occupée par le buste de la dame, probablement parce que cela eût été beaucoup plus malcommode pour Kunisada de placer une figure élégante dans un paysage déjà existant sans en détruire l'équilibre par la dissimulation imprévue de multiples éléments indispensables.

 



02-shinagawaC.jpg

 


Parfois, la figure disparue laissait un vide vraiment dérangeant. J'ai donc emprunté à d'autres planches un élément utile, comme ici dans l'étape 2 le navire du premier plan. J'espère qu'on me pardonnera cette sorte de contribution posthume (que j'ai voulue respectueuse, minimale, et autant que possible dans "l'esprit du peintre") à l'oeuvre du merveilleux paysagiste japonais.





                                02   Shinagawa


  (Ici j'ai donc dû un peu artificiellement rajouter un bateau à l'ancre au premier plan.)


03-kawasakiC.jpg

 


                           03 Kawasaki

 

On voit qu'Hiroshige, malgré la restriction de la surface qui lui était allouée, compose tout de même un paysage frais et équilibré. Je n'ai pas éprouvé le besoin d'animer la grande prairie à gauche. La signature et le poème, me semble-t-il, suffisent à l'équilibre.

 

 



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                     04 Kanagawa


Je n'ai rien ajouté, comme dans la plupart des cas : cela ne semblait pas indispensable. Mais le "travail de nettoyage" a été acrobatique. On remarque l'emploi des "bleus Hiroshige" (indigo fait avec du "prussian blue "importé).


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                 05 Hodogaya

De même cette image-ci ne démérite pas, comparée aux grands formats. Il est assez fascinant de constater que la simplification nécessaire au petit format n'entame en rien la force évocatrice de l'image. Il faut remarquer que les longues brumes qui traversent l'image ne sont pas "bouddhistes" et artificielles, malgré leur forme, comme celle dont use Hokusai pour escamoter les partie de l'image qui ne l'intéressent pas et concentrer l'attention sur les seules parties qui lui importent. Ces brumes d'ailleurs, sont une stylisation, traditionnelle dans la peinture sumi-e japonaise et chinoise, de brumes réellement plus présentes qu'en Europe où la mousson n'existe pas.

 

 

 



   06-totsukaB.jpg


             06 Totsuka

Le miracle chez Ando Hiroshige, c'est que la poésie dans ses paysages est rarement absente. Sans doute parce que les paysages de chemins montagneux comportent toujours une échappée vers les lointains...


 

 

 


                                                                                   07   Fujisawa
Dans la réalité, on le voit sur des photos d'époque, l'allée de pins était moins longue, les arbres moins hauts et moins majestueux. Et le Fuji san, en fait, de cet endroit n'est pas visible.

 

 



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                                         08 Hiratsuka

Dans la réalité, les collines du fond et la forêt sont beaucoup plus basses, et le paysage, à cet endroit plus ou moins marécageux, n'a pas autant de charme.


 

 

 


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      O9 Oiso


Détail intéressant, les stèles funéraires sur la colline... Un village minuscule s'étire en longueur le long du chemin, essentiellement des maisons d'accueil et restaurants pour les voyageurs de passage.

 




10-odawaraC.jpg                          


               10 Odawara

Le gué célèbre et le cours de la rivière ont été simplifiés par Hiroshige, l'altitude des collines et leur forme ont été "améliorées", et elles sont beaucoup plus lointaines. Quant aux nuages de formes étonnantes, ils démontrent qu'Hiroshige connaissait bien les peintres lettrés chinois, tout autant que celui qui était imprégné de culture taoïste chinoise, je veux dire celui qu'on a, à tort, parfois considéré comme son rival : Hokusaï.

 

 

 

 



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                                                           11 Hakone


Pour cette planche et la suivante, Hiroshige aurait sans doute prévu des premiers plans supplémentaires. Mais je ne m'autorise pas à les inventer ! Il faudrait ici des éléments plausibles qu'on ne peut deviner.





 



                               12  Mishima



Composition typique de Hiroshige : une courbe à l'avant-plan repousse la partie riche de l'image, nichée en contrebas. Cela évoque la sinuosité du symbole Yin-Yang, sans doute sous l'influence d'Hokusai qui cachait souvent ce symbole dans ses compositions (Cf. la "Grande Vague", ou le Fuji d'été reflété dans un lac de façon décalée - avec son capuchon neigeux d'hiver, - et symétrique par rapport à la diagonale de l'image.)





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                                     13   Numazu


Cette fois, on approche du Fuji au milieu des rizières et des villages agricoles. La vue est classique avec des montagnes aux formes caractéristiques pour les habitués des diverses versions de cette treizième planche du Tokaido.

 

 

 

 


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                                            14 Hara

Nous voici à l'endroit où la route du Tokaido passe le plus près de la montagne divine. Selon une habitude héritée des "Cent vues du Fuji" (le livre d'Hokusai) le Fuji dépasse du cadre de l'estampe, un effet que, pour l'étape "Hara", Hiroshige utilise dans presque toutes ses séries du Tokaido, excepté une ou deux. La forme du Fuji est ici fort exacte. Les nuages, assez artificiels, sont issus de la tradition bouddhiste, et signifient la séparation entre le monde des humains, et le domaine sacré de la montagne.

 

 

 

 



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                                                          15 Yoshiwara

La technique des troncs de pins au premier plan qui repoussent ce qu'on voit au-delà,  troncs vus à hauteur d'homme entre lesquels on aperçoit les trois plans du paysage dominé par le Fuji enneigé, et auxquels s'ajoute
une vigne vierge qui grimpe et permet une note de rouge dans le vert, autant "d'astuces" typiques de notre paysagiste : grâce à ces éléments une profondeur magique et rêveuse émane de cette planche, à propos de laquelle Yone Noguchi eût sans doute fait une remarque sur la place du cartouche rouge et de la signature. Hiroshige ne les incluait jamais au hasard mais au titre d'éléments importants de ses compositions, à la différence d'autres artistes d'Ukiyo-e qui manifestement ne s'en souciaient guère.
 

 

 

 



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                                                  16  Kambara

Un pont léger, une rivière caillouteuse et le labyrinthe des collines. Joli
jambages de ponts... La subtilité des teintes en nombre limité suffit à
engendrer une atmosphère et une luminosité originales.

 

 

 

 



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  17 Yui

Le chemin escarpé (à gauche) longe la mer, qu'une avancée de rocs hérissée de pins rejette loin en contrebas, avec quelques voiles minuscules dans la distance en contrepoint à la cime d'un mont Fuji esquissée dans la brume.






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                                                           18  Okitsu

  Encore une image à effet poétique : un vol d'hirondelles de mer descend vers la baie. D'où nous sommes, la transparence des filets qui sèchent ne dissimule pas la courbe de la plage et l'écume d'un léger ressac, qui anime l'ambiance de cette vue paisible, avec ses maisons sur le rivage aux promontoires arrondis et confortables, comme pelotonnés dans le soir... Ici, Hiroshige illustre qu'un de ses secrets est le "voir à travers", l'entrevoir évocateur, une technique bien japonaise, quand on songe à ces compositions étroites (o-tanzaku) où les artistes de l'époque représentaient une belle femme ou un paysage, comme entrevu par une porte entrebâîllée.

 

 





                                     19 Eijiri

De cette étape, Hiroshige donne une vision simple, qui n'est pas la plus flatteuse, à comparer avec le grand Tokaido "Hoeido". Malgré le calme, on sent qu'un orage menace tous ces petits bateaux qui traversent la baie. L'image demeure d'une belle simplicité de composition, avec le jeu des bleu-indigo et des gris de diverses intensités, qu'anime à peine une rive verte pour équilibrer le toujours dominant Fuji san.


 

 

 



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                                               20 Fuchu

 


On devine sur cette planche les veines du bois,  qui visiblement  pour cette série était utilisé dans le sens de la longueur de la fibre, alors que pour les estampes les plus exigeantes - ce qui explique d'ailleurs la limitation des pages au format o-ban - on utilisait des tranches horizontales du tronc de cerisier par exemple, de manière à obtenir un grain plus uniforme et un minimum de traces lors de l'impression. Fort usage des dégradés pour animer les perspectives.





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                                 21 Mariko


Nous entrons à présent dans un de ces fameux paysages de neige dont Hiroshige et Eisen partageaient le secret. Les estampes de neige d'Hiroshige sont toujours d'une atmosphère soignée et admirablement "réelle" alors que l'économie des moyens y est frappante : du gris, du blanc, des dégradés pour réserver la neige sur les pins, les maisonnettes blotties auxquelles arrive un chemin glacé, la courbe ondulante (comme pour l'étape Mishima) d'un mont, et c'est un enchantement !

 

 



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                                                      22   Okabe

Cette fois, nous sommes empêtrés dans la neige épaisse qui tombe, non pas dans un paysage de neige ensoleillé. D'un ciel foncé, tragique, quasi nocturne tombent de gros flocons. Les arbres sont lourdement chargés. La montagne est isolée par l'épaisse couche de neige (Il neige beaucoup au Japon, particulièrement sur les régions de montagne et de forêts qui couvrent la majeure partie du territoire). Tout semble englouti dans un silence immaculé, ouaté. Solitude sans âme qui vive où le voyageur semble perdu.

 

 



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                                           23   Fujieda

  Une grande courbe de rivière anime presque abstraitement la composition, centrée sur la tache jaune du bât de l'âne qui traverse à gué. Cartouche et signature du même côté, comme pour laisser le regard libre d'errer parmi les arbres de l'autre rive...


 






 
                                                           24 Shimada

Encore une rivière à traverser ! Les porteurs de palanquins ont de l'eau jusqu'à la taille. Le village est loin dans la vallée entre les collines. Sur la grève des gens s'affairent, ils préparent sans doute des radeaux de bambou, ou font sécher des filets ? D'autres, près de l'eau se restaurent et réchauffent près d'une tente de fortune. La matin semble paisible, mais la traversée à gué reste une épreuve !


 

 



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                                                 25 Kanaya

Dans l'échancrure le chemin descend parmi les prairies vers le village de Kanaya : un autre gué à franchir. Mais cette fois, nous ne sommes pas loin de tout, et le Fuji veille sur les voyageurs. Une petite tente blanche sur le rivage propose une halte pour boire un coup de saké ou manger un peu de poisson avant de s'engager vers l'étape suivante.


 

 

 






                               26 Nissaka

Revoici la terre ferme, la mer brille au loin. La route de Nissaka est large et l'on commence à revenir vers des régions plus aisées à parcourir.
Le "S" de la prairie qui traverse l'image s'est atténué. La matinée sera sans histoire.




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                     27 Kakegawa


La rivière, le torii d'un temple prochain, un pont enjambe les eaux bleues de la rivière qui longe les rizières où les paysans repiquent le riz. Le pont lui aussi est le passage vers un au-delà mystérieux que peut-être symbolise ce torii qui conduit hors de l'image, vers un sanctuaire implicite. Il évoque aussi le voyage en soi, puisque tout commence par un pont et finit par un pont !

 




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                            28
   Fujiroi

Un effet classique d'Hiroshige, repousser le paysage grâce à un premier plan "musclé", ici plus inhabituel : celui d'une croupe de cheval vue d'en dessous, un motif frappant qui n'est utilisé que trois fois dans son oeuvre, à ma connaissance. (Fuji sanju rokkei, Tsutaya 1858, planche 33 : La plaine de Kogane, province de Shimosa. Et Meisho yedo hakkei, 1856, planche 86 : La nouvelle station Naito à Yotsuga.) Mais qui fut imité souvent (Hiroshige II).

 

 




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                                              29 Mitsuke


Le même effet caractéristique, utilisant la poupe d'une barque plate, qu'on retrouve souvent chez Hiroshige. Et les passeurs avec leurs clients.
 

 

 

 

 



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           30   Hamamatsu
La plage avec sa fameuse forêt de pins en bord de mer, que les "touristes" fortunés de l'époque venaient volontiers admirer, à juste titre. Ce lieu fut une promenade célèbre, mais aujourd'hui... il s'y trouve davantage de constructions que de pins !

 

 



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                       31 Maisaka


Dans le Tokaido édition Kichizo, on se trouve au milieu des barques, presque au niveau de la mer. Sur la planche du Tokaido Hoeido, le point de vue est presque le même, mais les falaises sont beaucoup plus pointues et élevées. Sur le Reisho et le Gyosho, on se trouve au bord d'un quai, où des gens attendent de charger des ballots sur un navire à l'ancre.

 

 

 

 

 



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                             32 Arai


Un temple au sommet de la colline où la roche affleure, un isthme sableux qu'on franchit à pied sec. Le cirque clair des falaises et les îlots habités. Du bleu répond à du vert et le soir doré commence à étendre ses ombres. Hiroshige aimait des composition construites sur un "X" caché. (En particulier pour l'étape "Miya" en vue aérienne, dans diverses séries du Tokaido. A côté, une autre estampe du même endroit, issue d'une autre série.)

 

 

 

 


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    33 Shiragusa

 

Belle composition, sereine et équilibrée, qui conduit le regard vers l'horizon le plus lointain... Hiroshigué aime repousser par une colline à droite le paysage, comme s'il était contemplé d'un bevédère... Des promeneurs sont venus admirar la vue...

 

 

 

 

 

 



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                34  Futagawa


J'ai laissé vide la grande prairie qui s'en va vers la mer, mais j'imagine qu'Hiroshige l'aurait animée par un dégradé noir à partir du bas... Ou par quelques arbres. Une option à réfléchir !

 

 

 

 

 



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  35 Yoshida

 

Le grand château du Shogun provincial niché au milieu de son parc  nous ramène à des régions plus peuplées et les passants flânent ou vaquent à leur occupations.
 

 

 


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                                            36 Goyu


Toujours le Fuji, dans un blanc unique, immaculé, sacré : le blanc est la couleur de l'au-delà, du deuil, de "l'Ouest" vers où Hiroshige, mourant et laissant son pinceau, déclara, dit-on, partir "voir d'autres paysages..."











37-akasaka.jpg          

 

                                                     37 Akasaka

Un des fameux clair de lune qui ont fait la gloire d'Hiroshige. Pleine lune avec vol d'oies sauvages, pins qui se détachent sur le ciel d'une nuit claire, et le chemin qui zigzague parmi les rizières : sans doute est-ce l'été, les voyageurs continuent de cheminer dans la nuit tiède. Une stèle marque qu'on a franchi la limite d'une nouvelle province. Dans la limite de trois couleurs, une réussite de virtuose !

 

 

 



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     38  Fujikawa


Juste un peu de fraîcheur matinale pour les voyageurs qui traversent le village encore dans l'ombre. Et un chemin de sable avec des marches faites de troncs de bois couchés.




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                                                                39  Okazaki


Un gros travail plus ou moins réussi : tout le bas de l'estampe à refaire, pour un résultat trop moyen. A noter : la forêt de bambous et le château de la province au loin, en général présents dans la représentation de cette étape. Autre version à titre de comparaison :





(Okasaki)
 


 


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                 40 Chiryu

En route. Il est tôt. L'aube éclaire le chemin et les toits de chaume. A vrai dire l'étape sera courte : on aperçoit déjà le but, de l'autre côté de la plaine. Toutes les étapes ne demandaient pas de parcourir la même distance.

 

 

 



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                                              41  Narumi

Une vision de cette étape très inhabituelle : d'habitude, c'est une rue avec des magasins qui est représentée.Ici la falaise contrebattue d'eaux déchaînées. Notez l'effet (joli) du vol d'oiseaux de mer qui s'échappent de l'estampe et la vivacité des vagues battant les rochers, et qui s'enfoncent dans une brume de tempête prochaine...

 

 



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                              42 Miya

Par mer, la route est raccourcie. On a quitté Narumi (Etape 41), et on s'est embarqué malgré les eaux remuantes du bord de la mer, à présent apaisée tandis que le soir nous voit proches de Miya, avec sa crique hospitalière où dorment déjà nombre de bateaux arrivés avant nous.

 

 

 




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                                              43 Kuwana

De magnifiques grands filets, dont j'ignore pour ma part pourquoi ils sont ainsi suspendus dans l'eau et de quelle manière on s'en servait. Apparemment nous sommes au bord d'un quai qui se prolonge au loin à droite, où dorment des bateaux à l'ancre.


 


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                               44 Yokkaichi

 

 

On raconte une légende à propos du château fantasmatique, qu'on aperçoit dans des brumes de l'autre côté des eaux, mais je l'ai hélas oubliée... A noter qu'il existe une estampe d'Hiroshige II où une armée arrive au bord de la mer et aperçoit ce même château dans les nuage. Il est possible qu'il s'agisse soit d'une "fata morgana", soit d'un effet du même genre que, dans certaines conditions météorologiques, les aubes où l'on aperçoit la Corse à l'horizon depuis Menton ou Roquebrune-Cap-Martin, alors que cela semble incroyable compte-tenu de la distance.
 

 



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                                                      45 Ishiyakuchi

Un ravissant printemps où s'épanouissent les fleurs de cerisiers...
(Le premier plan, toit et arbres fleuris, est un ajout non dissimulé, bien entendu emprunté à une autre estampe d'Hiroshige et que j'espère correctement construit, pour éviter un grand vide en bas d'image.)










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                                              46 Shono

Le temple de Shono sous la neige. Cette fois nous ne sommes pas en pleine pluie de mousson comme dans la célèbre estampe du Tokaido "Hoeido" avec sa bourrasque qui courbe la forêt de bambous. Hormis le mont rond typique, rien ne laisse deviner où nous sommes : juste un joli paysage enneigé avec son"torii" qui annonce le temple caché dans les pins. On comprend que le peintre Wishtler, découvrant les images d'Hiroshige qui servaient de vulgaire emballage aux paquets de thé qu'il achetait, soit tombé en arrêt en murmurant : "Quelles merveilles, quelles merveilles..." Et l'on s'étonne que le marchand japonais qui lui vendait ce thé, lorsque le peintre demanda à voir d'autres "emballages", ait eu ce mot hostile : "Ah oui ? Les vieux papiers imprimés... Je ne vois pas en quoi ils vous intéressent. Prenez tous ceux que vous voulez !" Attitude encore répandue chez beaucoup de Japonais cultivés que j'ai pu rencontrer, souvent peintres eux-mêmes pourtant, lesquels ne comprennent pas notre engouement d'occidentaux pour les créateurs du temps de l'ukiyo-e... Et quand ils prennent au sérieux leurs estampes, c'est uniquement parce que Claude Monet, Van Gogh, Gauguin, Wishtler, s'y sont intéressés !

 

 



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                                       47 Kameyama

Composition à chemin montant, un autre classique, qu'on retrouve encore dans l'étape suivante : il faut dire que la région est fort montagneuse et propice aux lointains avec rivière au soleil couchant et toits de paille luisants. Le château du Shogun tout en haut, est celui qu'on voit dans la neige, dans l'estampe "Hoeidô".


 

 


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                                                    48 Seki


Composition analogue, avec un bel à-pic donnant sur l'abîme, et un escalier plutôt raide... Sur la route du Tokaido, qui traverse montagnes et collines, les irinéraires sont souvent raides et montueux, sans que des trajets plus commodes soient envisageables, du moins à l'époque, puisque il était encore techniquement exclu, malgré beaucoup d'ingéniosité architecturale, de bâtir les ouvrages d'art en béton du Japon moderne, calculés pour résister aux séïsmes malgré leur portée parfois considérable..

 

 



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49 Sakanoshita

La fameuse halte, avec maison de thé, d'où l'on pouvait observer en face, à gauche, tombant du V des collines rocheuses, une cascade réputée, ici invisible pour cause de brume. Pour comparaison voici d'autres versions du même endroit où la cascade est visible :



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    49 Gyosho Tokaido et Tokaido Yoko-e


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   49 Kichizo Tokaido

 



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   49 Edition Hoeido

 

 

 

 

 

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                             50 Tsuchiyama


Une étape qui est souvent représentée sous une bruine de montagne, avec le même torrent rapide et la forêt. Le col est souvent pluvieux où soufflent des vents glaciaux, comme il est fréquent en altitude au Japon comme ailleurs.
 

 

 



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    51 Minakuchi


Beau rivage entrevu depuis les hauteurs, avec bourgade et château provincial !
Composition fréquente à variantes de colline-bélvédère avec ouverture en V ou en U sur le paysage que cela éloigne. Compositions qui ne sont pas d'un esprit différent que les estampes de "bijins" où l'on entrevoit un jeune beauté dans l'entrebâillement d'une porte ou d'une fenêtre. À rapprocher également des formats de surimonos tout en hauteur, où un personnage paraît, mais incomplet, comme s'il entrait dans la surface trop étroite de l'image. Tous cadrages qui incitent l'imagination à compléter ce qui reste caché, et donc prolonge le tableau par des speculations rêvées...






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             52 Ishibe

Merveilleux début de printemps, qui n'a rien à envier à d'autres planches beaucoup plus célèbres : on voit bien que même si, dans les estampes du Tokaido "two brushes" les figures d'acteurs de Kunisada occupaient le principal de l'image, sur la partie qui lui était attribuée, Hiroshige n'avait pas pour autant renoncé à sa part de travail artistique. Il est cependant exact que certaines de ces petites images sont plus inspirées que d'autres, ce qui est d'ailleurs le cas dans la plupart des séries d'ukiyo-e que l'artiste a composées. Le travail imposé qui consiste à "pondre" pour la dix ou douzième fois cinquante ou soixantes planches pré-programmées expose à ce genre difficultés dans la variation. Le génie d'Hiroshige est qu'il manque très rarement l'effet poétique de ses compositions même sur "sujets imposés" : ce qu'on peut constater en comparant avec ses imitateurs (quasi-contrefacteurs parfois) ou ses successeurs (tel Hiroshige II), qui semblent aussi habiles que lui techniquement, et pourtant réussissent rarement à créer des atmosphères où le charme opère...

 

 



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   53 Kusetsu

La fin du trajet approche, avec cette pluie sur le pont, un thème souvent repris par notre peintre, dans une ambiance de grisaille admirablement rendue. Hiroshigué dans toute son oeuvre s'est révélé un maître dans la poésie des ambiances pluvieuses, dont il rend subtilement les différentes variantes météorologiques....









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                                                      54 Otsu

 


Une autre jolie "neige" agréable et tranquille, que traverse un vigoureux torrent. Belle composition de courbes qui se font écho par une superbe journée. La route en escaliers franchit le col en haut à gauche. Pour un peu,  on verrait volontiers (horreur) des skieurs sur ces belles pentes ! L'harmonie de la composition est d'une poésie intense, avec les moutonements d'arbres enneigés et les courbes d'une ample beauté.

 

 

 

 



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                                           55  Kyoto

Sanjo-ohashi...                    
                             
Le pont d'arrivée :


Nous voici à la fin du voyage. Les faubourgs de Kyoto sont émaillés d'arbres fleuris pour accueillir le voyageur fatigué. Nous arrivons par l'est, depuis Otsu, à l'endroit, semble-t-il, où à droite la rivière Katsura vient se jeter dans le fleuve Kamo (mais ce n'est pas sûr, il ne s'agit peut-être que de la pointe d'un banc de sable). A peu près dans la même configuration que dans les autres planches des divers Tokaido.

A la réflexion, au vu des estampes d'Hiroshige qui s'attachent, à travers les séries, aux détails des mêmes endroits, il m'est venu une bizarre idée : il semble que le peintre avait un stock de paysages en lui qu'il devait connaître par coeur ; à force d'en donner des vues sous divers angles, on dirait qu'il portait en lui la mémoire d'une quantité de paysages de son pays... Certes, il avait conservé des carnets de voyage, et s'inspirait également de quelques estampes ou représentations plus anciennes de certais paysages, comme c'est le cas pour les tourbillons de Naruto, qu'il a évidemment magnifiés tout en s'inspirant également de peintres chinois tels que Wou Tchen pour la représentation des montagnes lointaines das la brume, ou dans d'autres cas de Sesshu ou du chinois Ni-Tsan pour les pins et les reliefs de montagne. Il possédait cependant manifestement dans sa tête son Japon personnel, et cette recréation par le mélange de rêve, de souvenirs, donne à la plupart de ses paysage cette ambiance qui mêle réalisme et songerie, présence des choses et suggestion d'autres choses ! Que ne donnerais-je pas pour passer quelques temps dans cette tête-là ! D'une certaine façon, Hiroshige était intérieurement comme un immense paysage du Japon poétisé par le prisme de l'estampe en couleurs, et cette pensée m'obsède... Existe-t-il dans toute l'histoire de la peinture un autre exemple de fusion entre un homme et la géographie sensuelle - autant que recomposée et épurée - de son pays ? Je ne crois pas. Hokusaï par exemple est beaucoup moins sensible aux minimes détails poétiques, il aime les composition splendides spectaculaires, avec des effets saisissants et son réalisme est toujours mêlé de symbolisme caché, par exemple cette vue du Fuji où le reflet du volcan en été est décalé et à l'état hivernal, pour, ainsi que dans la grande Vague de Kanagawa, y placer comme en filigrane l'image du

symbole classique du Taoïsme :

 

                                     Afficher l'image d'origine 

 

                                         symbole du Yin-Yang

 

Hiroshigué semble parfois jouer également de ce symbole dans ses compositions, mais de façon secrète, sans rien de spectaculaire, et si discrètement qu'on n'en n'est pas vraiment sûr. Sur ce point, je ne connais aucune remarque de commentateurs...






 
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