Skogsrået
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Le vent me parlait de la nymphe des bois
dont les petites dents mordaient dans les grappes sauvages
De temps à autres son manteau d'écorce s'écartait
sur la blancheur de son corps nu d'adolescente
Car elle était sans doute un jeune tremble dans son autre vie
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Invisible et fraîche elle traversait les ramifications de mes pensées
du pas léger avec lequel la rosée enjambe les fleurs d'aurore
Dans ma tête une fièvre jouait d'une trompe de cuivre
et les mots s'enfuyaient comme chevreuils avant l'hallali
ou ces frissons luisants qui zigzaguent parmi les herbes
et changent la prairie en toison pleine d'odeurs intimes
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Ces heures-là brillaient du saphir profond de l'été
Les roches de la garrigue n'avaient pas cet air d'ossuaire
que je leur vois aujourd'hui Les orties évitaient mes jambes
Les ronces à profusion m'offraient des grains remplis d'encre sucrée
Les sources filtrées par la mousse de leur filet pur désaltéraient
aussi bien la laie et ses cinq marcassins
turbulents et rayés comme des zèbres miniatures
que le galopin vadrouillant par monts et par vaux que je fus
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Tout me parlait alors - désormais tout s'est tu.